L'appel du sang

Ras le bol de courir. Dire que ça n'arrête pas depuis plusieurs semaines et voilà qu'une foutue merde nous tombe dessus. Si j'avais su que ma vie serait une succession d'embrouilles et de soucis permanents, j'aurais peut-être essayé de m'étrangler avec mon cordon ombilical. Mais bon, faut voir le bon côté des choses. J'ai eu l'occasion de sauver la vie de mes compagnons, de mettre mon poing dans la figure de mon commandant d'unité, de boire plus que de raison jusqu'à déclencher des bagarres, et surtout, j'ai eu un fils. Et ça, c'est le truc le plus sacré qui me soit arrivé, même s'il n'était pas désiré à l'origine.

- Jade... pardon, capitaine Gallagher, vous pourriez ralentir ?

Ce type se permet des familiarités qui, même rattrapées, m'irritent. Je n'aime pas l'impression qu'il me laisse. Il m'est inconnu et familier à la fois, du genre à vouloir gagner ma confiance pour mieux me baiser par la suite. Et j'aime pas du tout ce genre de comportement. Je reste donc sur mes gardes, prête à lui coller une baffe s'il m'approche de trop. Et puis c'est quoi ce flic à deux balles qui me demande de ralentir alors que les gens tombent comme des mouches autour de nous ?

- Ne m'appelez pas comme ça, je grogne sans me retourner.

- Quoi, capitaine ?

- Je ne le suis plus. Vous vous rappelez ? Je suis déserteur, accusée de neuf meurtres et du piratage des systèmes de la Défense Opérationnelle.

- Dont vous êtes coupable. Vous l'avez dit vous-même.

- Fermez-la.

Maintenant j'ai envie de lui coller une baffe. Qu'est-ce qui m'a pris de l'embarquer avec moi ? En fait, pour commencer, je n'aurais même pas dû lui ouvrir la porte. Ou alors, j'aurais dû lui ouvrir pour mieux l'assommer d'un coup de rouleau à pâtisserie. Non mais sérieux, qu'est-ce qu'il a à me coller aux basques comme ça ?

- Où comptez-vous aller ?

- En quoi ça vous regarde ? On n'est pas mariés que je sache !

Chase Craft me rattrape d'un pas alerte. Du coin de l'oeil, je vois un type enragé sauter sur une femme, et la mordre à l'épaule jusqu'à lui arracher un morceau de chair.

- Merde ! crie Chase. Vous avez vu ça ?

Je hausse les épaules, comme si le spectacle m'indifférait. Chase, lui, prend son boulot de flic très à coeur. Il se précipite au secours de la malheureuse et dégaine son arme pour abattre l'autre abruti. Moi, j'en ai rien à secouer. Je poursuis ma route. Au détour d'une ruelle, un autre de ces enragés s'attaque à moi, et j'évite la morsure de justesse. Furieuse, je lui assène un violent coup de rouleau à pâtisserie sur le crâne et, comme si cela ne suffisait pas, je sors ma dague et je la lui enfonce sous la mâchoire jusqu'à transpercer son cerveau sur toute la longueur de la lame. Puis d'un coup de pied, je le dégage de mon chemin. Ce n'est vraiment pas le moment de m'emmerder. Je ne sais pas ce qui se passe dans cette foutue ville, mais ça sent mauvais.

- Gallagher !

- Quoi encore ? je crie en jetant un oeil vers Chase Craft, qui revient en courant.

- Il faut quitter les rues et découvrir fissa ce qui se passe ! Je n'aime pas ça du tout !

- Je ne pars pas sans mon fils et ma soeur. Je dois aller chez mes parents.

- A pied ? s'étonne Chase.

- J'ai pas de bagnole. Ca vous va ?

- Mais...

Je ne l'écoute plus. J'accélère le pas et m'inquiète de voir arriver en courant une horde de bonhommes au regard sanguinaire. Ils ont des têtes de zombies et je doute qu'ils viennent m'offrir des fleurs. Là, ça sent plus que les emmerdes... Chase l'a compris aussi je crois. Je me demande si on devrait pas faire nos prières. C'est con, je ne crois pas en Dieu. Bah... Amen quand même...

Je ne me suis jamais vraiment entendu avec le concierge de mon immeuble, ce gros type à la moustache broussailleuse qui s'amusait à mater le cul d'Haven dès qu'elle passait, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il me saute dessus une fois ma porte de garage passée et ce au sens littéral du terme. Heureusement pour moi, la prison m'a poussé à acquérir quelques bons reflexes, aussi l'ai-je facilement évité pour le voir se prendre le coin du mur dans un cri qui n'évoquait que vaguement la douleur. En fait non, il ne semblait même pas avoir mal, mais plutôt être contrarié par le choc. Bon sang, il s'est pourtant mangé les parpaings avec une sacrée poussée, c't'imbécile ! Il a le cuir solide, mais lorsqu'il se retourne vers moi je m'aperçois avec effroi qu'on lui a arraché un bout de viande. Sa joue gauche n'existe plus vraiment et entre le sang et les lambeaux de chair je vois clairement ses molaires ! Putain ! Il fonce à nouveau sur moi et je n'ai que le temps de lui foutre mon pied de biche en travers de la tronche. L'impact fait un bruit mouillé écoeurant et lui étale la moitié de la facade sur ma porte de garage. Merde, je viens de le buter, j'en suis sûr ! Pourtant personne ne semble s'en formaliser et je comprends pourquoi lorsque je prends la peine de regarder un peu autour de moi alors que je reprends mon souffle.

C'est le chaos dans la rue. Des types viennent chiquer d'autres types et tout le monde se barre en gueulant à droite et à gauche. Des coups de feu, des cris.... Haven, putain ! Je ne dois pensr qu'a la rejoindre. Si je passe du côté de chez Chris je l'embarquerais aussi avec moi, si elle va bien. Bon, pas la peine de m'attarder ici et de me poser en tant que buffet sur pattes, j'ai pas envie de servir mes tripes en plat principal à la moitié de mes voisins d'autant plus que je ne peux pas les encadrer, ces gros cons.

Mon arme improvisée fermement en main, j'avance à travers les rues. Je suis bien moins rapide que je ne l'aurais voulu mais je me dois d'être prudent à tout ce qui se passe, à n'importe quel moment. J'ai le palpitant qui fait du cent à l'heure et les sens en alerte... Est ce que c'est ça que ressentent les soldats pendant qu'ils risquent leur peau pour la patrie et toutes ces conneries ? J'en sais rien mais au moins ces types ont des fusils chargés, des grenades, des supports aériens et John Rambo. Moi j'ai une seule paire de couilles et un pied de biche alors forcément, je tiens moins bien la comparaison...
Ah, je vois le croisement que j'attendais. Une fois ce dernier passé, je devrais pouvoir acceder au cybercafé pour me connecter et aller tripoter un peu l'intérieur de Mère histoire d'en savoir plus et surtout de contacter l'aile Ouest et ma blonde. Vu comme ça, le coin de rue devient l'antichambre du paradis et je ne compte pas m'en éloigner.

Et merde, mauvaise donne. Y'a un troupeau de ces saloperies juste sur mon passage ! Je me plaque contre le mur dans un reflexe mais ça ne sert pas à grand'chose je crois qu'il ne m'ont même pas vu. Bon pour moi, ça ! Et en plus, voilà qu'il se mettent à courir vers quelque chose que je ne peux pas voir. Rien à secouer, c'est une occassion en or pour passer et je vais pas la rater.
D'un bon, je tape le sprint le plus rapide de ma vie et j'ai le malheur de jetter un coup d'oeil au groupe de cannibales : ils se dirigent vers une nana et un mec qui vont pas faire long feu. Pas mon problème !
...Enfin j'aimerais bien, mais j'ai l'impression qu'il me reste un peu de bonne conscience quelque part. Aprés avoir pesté contre moi même en m'insultant, j'opère un virage et fonce sciemment vers le groupe qui s'apprête à en découdre avec la gonzesse. Et VLAN ! Le plus proche d'elle se fait aplatir le crâne par mon morceau de métal, avec force de sang et de morceaux grisâtre. J'espère que la donzelle ne t'nait pas à son haut, parce que là ça partira pas au lavage.
Je me retourne en décrivant un arc de cercle pour écarter les agresseurs les plus proches, qui ont le reflexe de se jetter sur leur petit camarade que je viens d'enfoncer. Je recule prudemment jusqu'a cogner contre la fille, mais c'est franchement le dernier de mes soucis.

- Je propose qu'on aille voir ailleurs avant qu'ils ne décident de demander un café et l'addition, hm ?

Je tente de la jouer décontracté, mais je pense que c'est facile de voir que je suis tendu comme la ficelle d'un string sur un gros cul. J'suis pas fais pour ça, putain... Et en plus, un de ces gars vient de relever le regard vers nous, un morceau de tripaille entre les lèvres.
Apparement, on l'interesse sérieusement.

Les flots d'adrénaline ne manquaient pas ces derniers temps, entre ma fuite précipitée, les TETARD à mes trousses et maintenant, ces foutus têtes de cons désireux de nous bouffer. Je ne sais pas ce qui s'est passé pour qu'on en arrive là, mais je ne compte pas m'attarder pour le découvrir.

- Gallagher ! crie une nouvelle fois mon insupportable compagnon improvisé.

Je me tourne vers lui, excédée, en brandissant mon rouleau à pâtisserie.

- Z'avez pas bientôt de gueuler comme un putois ? j'aboie, les joues en feu.

Pas le temps d'en dire plus. Un de ces tarés me bouscule si violemment que nous tombons tous les deux au sol. J'entends ses grondements et même sa mâchoire qui claque dans le vide, à quelques centimètres de mon cou. Avec rage, je me débats un bref instant pour éviter la morsure et, usant de quelques techniques acquises au fil de l'expérience en temps de conflit, je me débarrasse de lui avec une certaine aisance. D'un bond souple, je me redresse et je joue de mon couteau pour l'achever. Pendant ce temps, Chase Craft joue de la gâchette. Je lui jette un oeil et hausse un sourcil moqueur en constatant qu'il doit tirer quatre fois avant d'atteindre son objectif.

- Nan mais je rêve.... Où vous avez appris à tirer ? En jouant à Doom ? Tsss...

Chase me foudroie du regard et je me contente de ricaner. Toutefois, l'arrivée d'une nouvelle horde de ces disjonctés de la cafetière me coupe net dans mon élan d'hilarité.

- Merde.... Faut pas traîner...

Plus loin, j'aperçois un type qui s'entraîne au sprint. Il jette un oeil vers nous. Il nous a vus, tout comme il a vu ces affamés de chair fraîche qui nous courent après. Pour autant, je crois qu'il en a rien à secouer.

- Enfoiré... je grommelle en me préparant à fuir.

J'ai parlé trop vite. Comme s'il était pris de remords, je le vois virer vers nous et passer à l'attaque.

- Putain !

Je sursaute inévitablement lorsque Chase crie tout près de moi. Ca me donne envie de lui balancer mon poing dans la tronche mais pas le temps... Il roule à terre avec deux agresseurs. Son flingue lui a été arraché et traîne quelques mètres plus loin. Cinq secondes d'inattention suffisent pour permettre à un autre taré de succéder à son pote pour tenter de se repaître de mes tripes encore chaudes. Je pousse un juron bien senti en me préparant à riposter, mais l'inconnu que j'ai aperçu un peu plus tôt intervient et m'offre un délicat aperçu de ses capacités, me sauvant la mise. J'explose le crâne d'un autre agité du bocal et repousse sa dépouille d'un puissant coup de pied, puis le type se heurte à moi en reculant. Nous sommes bientôt dos à dos, pendant que Chase Craft rampe afin de récupérer son arme. Il saigne de la tête, mais ne semble pas gravement blessé.

- Putains de zombies... grogne-t-il.

Je tique au mot employé, mais ne fais aucun commentaire. Puis c'est au tour de notre mystérieux sauveur de prendre la parole. Je me contente de hocher la tête en signe d'approbation.

- J'me casse du côté de l'aile est, je déclare en m'écartant prudemment du corps ensanglanté d'un de nos adversaires.

- Je viens avec vous, rétorque Chase avec une détermination dérangeante.

- Pot de colle... je marmonne entre mes dents serrées.

Mais je sais que quoi que je dise, ce type n'en fera qu'à sa tête. Quant à l'autre, je ne sais pas trop ce qu'il a l'intention de faire mais je compte davantage sur ses capacités que sur celles de Craft, incapable de tirer au but du premier coup.

- Et vous ? je lance à l'adresse du type, sans même le regarder.

Je suis trop occupée à surveiller les alentours, dans l'attente de voir surgir de nouveaux ennemis.

Les tourtereaux que j'avais sauvés pour un trop court instant comptaient donc prendre la poudre d'escampette en direction de l'aile Est. La fille le fit savoir et son toutou de mec ne fît que confirmer. Enfin, son mec.... Le terme n'était peut-être pas bon vu qu'elle le vouvoyait. Comme si ce genre de détail était important, merde ! Bon, le truc c'est qu'ils n'allaient pas vraiment dans la même direction que moi et ça me posait un souci. Le pétrin dans lequel on se trouvait m'avait fait comprendre que je ne m'en sortirais pas seul et que pouvoir compter sur un compagnon de route où deux ne serait pas inutile. Le chemin vers l'aile Ouest était plus long que celui pour accéder à l'aile Est, d'autant plus que ma destination était assez fréquentée. Pas mal de familles allaient voir leurs proches en containers cryo et empruntaient donc les voies publiques pour se faire. Alors si tout le monde était plus au moins mort où entrain de le devenir, je risquais de tout simplement me jeter dans la gueule du loup. Il me fallait une solution, une bonne idée. N'importe quoi mais quelque chose, et vite. Haven comptait peut-être sur mon arrivée impromptue alors que j'étais entrain de causer viande et tripes avec un couple bizarre et leurs petits copains cannibales.

- J'vais pas vous laisser toute seule, vos admirateurs m'semblent trop mordus d'votre plastique et votre petit copain galère à tirer son coup.

Je finis à peine ma phrase qu'un de ses salauds me tombe dessus. En un coup de pied de biche c'est réglé, mais je ne fais que le faire tomber pour qu'il se releve assez rapidement. Ca pue vraiment, mais alors vraiment.

- Passer à l'est n'est pas mon plan de route mais on peut s'arranger. J'nous dégotte une route en demandant gentimment à Mère, vous récupérez vos p'tites affaires et vous me suivez pour récupérer les miennes. On roule ensemble, on se baise pas le cul et on se tire. Partante ?

Là, j'en ai marre. Faire le morceau de gigot remuant pour ces tarés me plait pas, me plait plus. Je regarde à droite puis à gauche et repère quelque chose dont l'accès est dégagé et qui pourrait nous aider au moins un temps durant : une échelle de secours donnant sur les arrière d'un bâtiment normalement desaffecté. De vieux immeubles du quartier promis à la destruction, si mes souvenirs sont bons. On pourra souffler et trouver ce qu'il me faut, soit une prise d'accès au réseau intranet de Mère. Mon petit sésame pour jouer au gps dans tout Arche.
Faut se frayer un chemin, coûte que coûte. Je frappe à nouveau dans un des affamés en lui défoncant une tempe. Je vais pas tenir à ce rythme, je suis pas non plus une bête surentraînée !

- Hep, Lara Croft ! Tu vois c't'échelle sur ta gauche ? Je te parie une mousse que c'est le passage vers le niveau suivant, tu m'suis ? Honneur aux dames, je m'occupe d'aider ton mec à passer le checkpoint.

J'espère que la belle a pas du mou de veau à la place des méninges et qu'elle a comprit, parce que je ne lui laisse pas le temps de discuter et je me jette en direction du type à terre pour l'aider à se relever pour qu'on file vers l'échelle. Si la fille n'est pas conne, elle aura ouvert la voie le temps que je ramasse son "tireur d'élite".
Si elle est pas conne et si elle est capable de me faire confiance aprés seulement une minute passée ensemble.

A peine ai-je dégommé un bouffeur de viande qu'un autre lui succède avec l'intention de faire mieux. A chaque fois, je le rétame en une demi-seconde. Pour autant, nous ne sommes pas tirés de notre galère. A croire que nous les attirons comme la merde attire les mouches. Le type qui nous a rejoint a vite capté la situation. Il réfléchit vite et n'est pas long à nous proposer une alternative. Je ne dirai pas qu'elle nous sauvera la mise, mais c'est toujours une solution à étudier. L'inconnu enchaîne ses répliques et va jusqu'à s'attaquer à la fierté de l'inspecteur Gadget... Chase réagit au quart de tour. Il s'approche de lui et le bouscule violemment, se retenant à grand peine de lui foudre une beigne :

- Dis donc, t'es mal placé ici pour faire ta grande gueule ! On n'a pas besoin de toi pour s'en sortir, contrairement à toi qui a visiblement besoin de quelqu'un pour surveiller tes arrières, sale...

- Hé ! Commencez pas à vous battre comme des chiens ! je gronde sèchement en attrapant Chase Craft par le revers de sa veste. On a tous besoin des uns des autres, alors vos gueules.

Je jette un regard froid aux deux hommes, puis mes yeux se posent sur une horde de mangeurs de chair qui se profile à l'horizon, galopant à vive allure vers nous. Là, ça vire au cauchemar. Il est temps de s'arracher. Je relâche violemment l'inspecteur Gadget et je m'élance vers l'échelle indiquée par le type. Avec une vélocité féline, je grimpe et me hisse vers les hauteurs. Chase a suivi mais ses gestes sont moins assurés que les miens. Arrivé en haut, il trébuche et manque de basculer en arrière, sans rien pour se retenir. J'aperçois l'expression horrifiée sur son visage mais c'est sans compter mes réflexes, plutôt bons. Une fraction de seconde et je l'agrippe pour le tirer vers moi, lui évitant une chute mortelle.

- Quel boulet... je grogne alors que ses jambes flageolantes le trahissent.

Il tombe à genoux et je jette un oeil en bas, afin de vérifier que l'autre type nous rejoint sans tarder. Puis je me tourne vers Chase, qui se redresse bravement. Il est encore pâle. Je lui adresse un sourire moqueur, une main sur la hanche :

- Je parie que vous vous êtes vu écrasé en bas façon crêpe à la groseille. Le plat de résistance pour ces messieurs...

- Je dois reconnaître que cette situation me rend nerveux, se justifie-t-il en époussetant ses vêtements.

Même sa façon de parler me soule. Il est maniéré à tel point que ça me donne envie de le baffer. Mais je me contrôle. Je viens juste de leur filer une leçon de moral, alors c'pas le moment de foutre tout ça aux oubliettes.

- Putain, mais comment vous avez-fait pour rentrer au service de l'Etoile Rouge ?

- Ce sont eux qui m'ont choisi, rétorque sèchement Chase Craft. Et ils l'ont fait pour mon intelligence et mon intuition.

- Ca craint... je lâche, cynique.

Mon rouleau à pâtisserie dans une main, la dague à lancer bien en place contre ma jambe, je m'intéresse de nouveau à l'inconnu, qui ne manque pas d'un répondant assez piquant. D'ailleurs, c'est un truc qui ne me déplait pas chez lui. Néanmoins, je ne sais pas encore si je peux lui faire confiance ou non. J'attends de voir ce qu'il veut, ce qu'il cherche, et ce qu'il fera pour l'obtenir. En attendant, je le tiens à l'oeil. Et puis ma priorité reste de rejoindre Chris pour aller chercher mon fils. Je ne dois pas perdre de vue cet objectif.

- Je dois trouver une cabine téléphonique en état de marche, je décide à voix haute, sans me soucier de savoir qui m'a entendue. Et si pour ça, je dois redescendre dans la rue me mêler à ces.... cannibales ambulants, je le ferai. Libres à vous de suivre ou non, messieurs. J'en ai rien à battre.

Je me redresse et étudie rapidement les environs. J'avoue être un peu désorientée mais quoi qu'il arrive, je n'abandonnerai pas. Dans ce chaos incompréhensible, il est mieux que nous restions unis. Peut-être que la proposition de ce type est à prendre en considération en fin de compte... Mais comment je pourrais faire confiance à un mec dont j'ignore jusqu'au nom ?

- Ca aussi ça craint... je murmure.

Même pas de présentations. Le hic, c'est que j'me vois carrément pas lui balancer mon identité, même s'il ne semble pas m'avoir reconnue. Après tout, mon portait est sur toutes les chaînes et dans tous les journaux. Le capitaine Gallagher, recherchée par les autorités et traquée par les TETARD, la timbrée qui a massacré 9 personnes après avoir piraté la Défense Opérationnelle et vidé la Cour des Comptes en grande partie... Déserteur, traître à sa nation, tout va bien quoi....